Les troubles fonctionnels, une réalité encore mal reconnue
Selon différentes études, parmi les patients qui se rendent chez un professionnel de santé (médecin généraliste ou spécialiste) 50 à 70 % n’ont pas de dysfonctionnement ou de lésions organiques. Les études menées démontrent que ces personnes souffrent pour la plupart de troubles que l’on appelle des troubles fonctionnels.
Malheureusement, aujourd’hui encore ces personnes sont confrontées à un double problème : d’une part, aucun diagnostic n’est posé face à leur souffrance et donc aucune solution ne leur est proposée ; d’autre part, leur souffrance est mal reconnue et leur entourage a du mal à les comprendre.
Pourtant, cette souffrance est bien réelle et n’est pas le fruit de leur imagination !
Mais au fait, c’est quoi un trouble fonctionnel ?
Les troubles fonctionnels sont des symptômes physiques et/ou émotionnels dont la cause n’est pas liée à une lésion de l’organe. En clair, l’organe va très bien en revanche son fonctionnement n’est pas normal.
On sait aujourd’hui que ces troubles apparaissent du fait d’une anomalie de fonctionnement du système nerveux central. L’anomalie se caractérise par une altération de la transmission de l’information entre : d’un côté, les régions cérébrales impliquées dans la régulation émotionnelle et la représentation de soi et de l’autre côté, le système moteur, sensitif et neuro végétatif.
La communauté médicale parle de phénomène de conversion. En d’autres termes, il y a la traduction d’une émotion sur le plan somatique, sous-entendu avec un ressenti physique dans le corps.
Dans le cas d’un trouble fonctionnel, le système nerveux ne fonctionne donc pas correctement. Dans le cadre de recherches menées sur le sujet, les imageries cérébrales fonctionnelles réalisées sur des personnes présentant des symptômes physiques et n’ayant aucune lésion organique ont permis de montrer des anomalies dans la transmission de l’information entre différentes régions cérébrales.
Des examens complémentaires sont parfois nécessaires pour éliminer une pathologie neurologique grave et révéler une lésion particulière du système nerveux. Dans le cas des personnes ayant des troubles fonctionnels, il n’y a pas de dommage du système nerveux, et les imageries telles que l’IRM ou le scanner sont normales.
Il est donc aujourd’hui admis par la communauté médicale que les troubles fonctionnels constituent une véritable maladie. On peut écarter nos vieux préjugés, qui étaient de penser que les symptômes décrits par la personne sont soit consciemment provoqués, soit purement et simplement imaginés ! Il existe bel et bien une explication biologique qui réside dans l’existence d’une anomalie dans la façon dont le cerveau envoie les messages au corps et ce, à l’insu de la volonté de la personne.
Les origines de ces troubles sont multifactorielles et propres à l’histoire de chaque individu. Un dysfonctionnement du système nerveux provient des expériences physiques antérieurement vécues (circonstance de la naissance, chutes, maladies infectieuses qui ont pu modifier le fonctionnement du système nerveux…) et des influences psycho-environnementales de la personne, en particulier l’exposition excessive au stress.
Que pouvons-nous faire face à trouble fonctionnel ?
La bonne nouvelle concernant les troubles fonctionnels, c’est que le système nerveux a la capacité de se corriger par lui-même ! Il y a donc des solutions à explorer pour aller mieux.
Il est important de préciser que la prise en charge des troubles fonctionnels repose sur la multidisciplinarité, avec une collaboration étroite entre les différents acteurs : neurologues, psychiatres, thérapeutes rééducateurs.
Il n’y a pas de traitement pharmacologique spécifique efficace pour les troubles fonctionnels. Le traitementde référence actuellement préconisé est à la fois psychothérapeutique (thérapies cognitives et comportementales, Eye Movement Desensitization and Reprocessing, hypnose, etc.) et physique (programmes de kinésithérapie, orthophonie, psychomotricité) selon le type de troubles.
L’œil est une « porte d’entrée » particulièrement intéressante, qui a déjà fait ses preuves pour les situations traumatisantes, par le biais de l’EMDR par exemple. C’est cette porte qui est aussi utilisée en neuropédagogie.
Et plus concrètement, voici quelques exemples de troubles dont l’origine peut être fonctionnelle (liste non exhaustive)
Localisation anatomique | Troubles |
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Organes de la tête et du cou | Vertiges, troubles visuels, acouphène, fatigue, insomnie, troubles de la concentration, maux de tête, migraine, douleurs atypiques du visage, crises non épileptiques, besoin de se racler la gorge, toux fonctionnelle, syndrome de boule dans la gorge |
Membres | Troubles somatosensoriels et moteurs, troubles locomoteurs, tremblement fonctionnel, douleurs locales, régionales ou généralisées des tissus mous |
Peau | Prurit, allodynie (douleur déclenchée par un stimulus normalement indolore comme un effleurement de la peau par exemple), transpiration excessive (hyperhidrose), urticaire (dermographisme) associé au stress, peur de rougir (érythrophobie) |
Système cardio-vasculaire | Précordialgies (douleurs ressenties en avant du cœur), anomalies du rythme cardiaque (tachycardies sinusales, palpitations), crises hypertensives (élévation importante de la pression artérielle), syncopes vasovagales |
Organes respiratoires | Augmentation de la fréquence respiratoire (tachypnée, hyperventilation), crises de type asthmatique (le plus souvent dans le cadre de crises de panique) |
Système digestif | Troubles de la déglutition, intolérances alimentaires non allergiques et non enzymatiques, troubles alimentaires, ballonnements, constipation, diarrhée, syndrome de l’intestin irritable, douleurs abdominales fonctionnelles, |
Région urogénitale | Douleurs pelviennes ou génitales chroniques, troubles mictionnels, dysurie, troubles sexuels |